La Garde de chèvres, un savoir faire technique.

Tirer le meilleur parti alimentaire d’un territoire pastoral en provoquant l’appétit du troupeau par un gardiennage actif requiert un véritable savoir faire technique trop méconnu.
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                  La garde est une activité qui fait rêver le citadin et généralement sourire , sans nostalgie, le chevrier professionnel. Synonyme d’une pratique archaïque, issue du temps des petits troupeaux et d’une main-oeuvre familiale abondante, elle tombe aujourd’hui en désuétude au profit des parcs clôtures.

Le mot d’ordre de simplification du travail, afin de gagner en performance économique, ne permet plus d’imaginer passer deux fois 3 à 4 heures par jour en compagnie du troupeau.

Un chevrier ou une chevrière qui « garde son troupeau parce qu’il (elle) aime ça », qui apprécie de  » mieux connaître ses bêtes » qui pense que  » sa montagne est belle et qu’il aurait tort de ne pas en profiter »… sont considérés comme de doux rêveurs, sans doute néo ruraux , vis-à-vis desquels le progrès technique n’aura jamais prise.
Cet avis est aujourd’hui partagé par la plupart des responsables professionnels, des agents techniques et des scientifiques.

Enquêtes et mesures de l’appétit :

L’INRA s’est intéressé, il y a déjà quelques années, aux pratiques de la garde des chevriers. L’objectif était de comprendre comment un chevrier utilise la diversité de ses pâturages pour constituer des rations de production et surtout, comment il parvient à faire consommer en abondance des ressources plus grossières, généralement délaissées par le troupeau lorsqu’il est laissé libre de ses choix.
Cette motivation résultait de suivis en exploitation caprines où , régulièrement de très bon niveaux de production étaient enregistrés durant les périodes de garde et sans recours aux fourrages secs ( de 2 à 3 litres de lait par jour en été à 150 jours après mises-bas), alors même que les pâturages pouvaient être jugés a priori de piètre qualité ( autour de 0,6 UFL/kg).
Après quatre année d’enquêtes sur les pratiques de garde dans le sud-est de la France, ( Ardèche, Drôme, Alpes de Hautes-Provence), accompagnées de mesures sur l’ingestions des rations pâturées, nous pouvons affirmer que le gardiennage peut résulter d’un savoir-faire particulièrement technique, consistant à tirer profil de la diversité d’une offre fourragère sur un territoire afin d’améliorer l’appétit et , par voie de conséquence la valeur alimentaire des ressources pastorales.

L’organisation d’un circuit.

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                        L’organisation d’un circuit de garde peut se décrire assez simplement. A l’échelle de la demi-journée et du repas pâturé, le projet de circuit découle d’une représentation mentale que le chevrier se fait de l’état de ses ressources pastorales (abondant et le moins abondant, le préféré et le moins préféré).
Ayant choisi la zone à faire pâturer, il conçoit l’enchaînement des sites sur lesquels il conduira son troupeau,au cours du circuit, dans     un ordre qui lui apparaît judicieux pour réaliser un repas sans trop d’interruptions, avec une consommation très dynamique,, y compris sur les plantes qu’il sait généralement moins appréciées.
Ses actions visent à du placer régulièrement le troupeau soit autoritairement avec l’aide de son chien, soit , plus subtilement, en exploitant la confiance que le troupeau lui accorde pour l’amener sur des zones alimentaires plus appréciées, ce qui en fait un « attracteur » mobile.
Il évalue a posteriori l’efficacité de son circuit en constatant l’état des ventres , l’attitude repue de ses chèvres, la fréquence ds ruminations, et surtout en évaluant deux fois par jour la production laitière résultante. Une répétition de circuits sur une même zone a un impact sur la nature et l’abondance de ses ressources, ce qui incite le berger à revoir , ou non, ses projet pour les demi-journée suivantes.

La Conception d’un menu :

A partir des enquêtes et des mesures d’ingestion, l’INRA a conçu un modèle de « pilotage » de l’appétit au cours d’un circuit de garde. Le modèle MENU, (Schéma) permet d’organiser l’utilisation des zones contrastées en termes d’intérêt alimentaire ( appétibilité et abondance locale des ressources) en vue de développer l’appétit vis-à-vis d’une « zone cible », sur laquelle le troupeau ne s’enthousiasmerait pas spontanément( des broussailles coriaces ou des paillasses d’herbe…).
° Entrées:
Les zones de pâturages peuvent jouer six rôles-types lors d’un repas.
En début de circuit, deux types de zones sont mobilisées, selon l’appétit initial estimé du troupeau. S’il manque d’appétit ( repas précédent mal ruminé, changement météo, etc.) le chevrier peut utiliser une zone de mise en appétit. Cette surface, dont le rôle consiste à stimuler l’activité au départ, doit comporter des ressources bien appétibles, mais pas nécessairement en abondance. « Il faut lui offrir de la diversité » et le chevrier la trouve ou bien en ds lieux spécifiques, ou bien en laissant le troupeau circuler sur une grande surface: « il faut leur donner l’envie de chercher ».
Au contraire, lorsque le troupeau au départ exprime par son attitude qu’il est particulièrement affamé, il peut être conduit sur une surface dite de modération. Cette surface sert à stabiliser le rythme d’ingestion, car une ingestion trop rapide des ressources grossières aboutit à un repas de très courte durée. Elle doit comporter des ressources en abondance, mais plutôt d’appétibilité médiocre.

° Mets et entremets:

Lorsque le rythme est stabilisé, le troupeau est conduit  une première fois sur la zone cible, où le chevrier souhaite qu’il consomme la majorité de son repas.
Cette zone, dite de plat principal, sert de référence en termes d’appétibilité et d’abondance au modèle MENU et les caractéristiques des autres zones sont évaluées par rapport à elle.
Elle peut être aborder d’entrée de jeu, si l’appétit semble devoir être ni stimulé et calmé. L’idéal est que le troupeau y consomme la plus grande part possible de sa ration, sans baisse significative d’activité, ce qui simplifie le travail du chevrier.
En réalité, il arrive généralement que le rythme de consommation diminue rapidement sur la zone de plat principal, après 40 à 60 min de présence. Les chèvres ont  » fait le tour de la question » sur cette zone de qualité moyenne et s’en lassent.
Le chevrier peut alors organiser une relance,, pour renouveler l’intérêt du troupeau.

Nous avons distingué 5 modalités de relance :

1 – Relance par passage de 10 à 20 min sur une zone d’excellente appétibilité, représentant souvent « le meilleur » du quartier de pâturage;

2- Relance par passage sur une zone de moindre intérêt, où « il s’agit de faire comprendre au troupeau que la zone de plat n’est pas si mauvaise, par comparaison »;

3- Relance par simple regroupement et déplacement rapide sur un chemin  » histoire de leur changer les idées »;

4- Relance par abreuvement;

5- Relance par léchage de Sel.

Une Phase de relance est nécessairement limitée dans le temps et doit rester imprévisible pour le troupeau, de façon à éviter les phénomènes d’anticipation. Les espaces de relance sont étroitement rationnés, car ils donnent de la valeur au reste, par interaction positive (« synergie alimentaire »).

Après une relance réussie, le chevrier peut retourner le troupeau dans la zone-cible pour un plat secondaire. Cette zone peut se situer juste à côté de la zone de plat principal et être de nature très comparable, quoique très légèrement de meilleure appétibilité.

° Desserts :

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                 Lorsque le chevrier juge que le circuit en cours n’a pas permis de rassasier son troupeau, et que le temps dont il dispose ne lui permet plus de réaliser une nouvelle séquence plat-relance-plat, il peut mobiliser une zone dite de dessert. il s’agit pour lui d’obtenir à coup sûr une consommation très dynamique sur une durée limitée.
C’est pourquoi ce sont des zones offrant à la fois une forte appétibilité et une forte abondance qui jouent ce rôle.
Mais ici, contrairement à la pratique traditionnelle de la « soupade », il est primordial que le dessert reste imprévisible pour le troupeau, sous peine d’engendrer des effets d’attente néfaste au rythme d’activité lors des phases de plats.

Dans notre système : (mise à jour octobre 2014) 

 

Enfin , dans les période de disette, avec un parcours particulièrement faible, une saison hivernale extrêmement froide, un été bien trop chaud, ou un pluie incessante,

Je crois qu’il ne faut pas oublier que si les animaux ne sont pas repus, un petit apport de foin ne fait jamais de mal à personnes.
L’équilibre et le maître mot.

A titre d’exemple pour 48 chèvres et 40 brebis, on passe environ 3 bottes de 200 kg de foin de crau de 3eme coupe bio pour les mois ou les parcours sont vraiment maigre. ( la fin de l’hiver, et en été ou tout est grillé.)
Ça fait un apport à la ration de 50 grammes de foin par brebis et par chèvres par jour !!!!

Cependant , il y a des périodes comme celle des mises bas, quand il neige, où quand ma femme fait un bébé où, je complémente plus.
Dans ces cas les rations sont d’environ 1,5 kg de foin de crau 3eme coupe pour les chèvres avec un peu de maïs ou orge bio , le matin et l’Après midi, mise en parc avec les brebis.

Les brebis ne sont pratiquement jamais complémentées sauf ouragan et pour noël. Les brebis fonctionne sur un système herbager , pastoral. Je ferai un autre article sur elles.

Pour 2014 j’ai passé moins de 10 tonnes de foin pour 88 têtes.

 

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3 Replies to “La Garde de chèvres, un savoir faire technique.”

  1. Trouvé un bouc qui se promenait seul sur St. Margueritte

    À La Garde. Il est dans le jardin mais ce n’est pas une solution pour lui

    Si possibilité de le prendre contactez moi svp

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