D’après Nicolas Valiadis, journaliste à Rue 89 :
« Devenir agriculteur aujourd’hui est un acte plus que suicidaire »
En effet, la mondialisation et l’ouverture des marchés Européens, et l’émergence de nouvelles puissances économiques de ces 30 dernières années, ont sonné le glas du petit producteur français.
Les agriculteurs français ont dû modifier leur production afin de la rendre intensive à la recherche d’une meilleure productivité dictée par l’imposition de prix dérisoires sur les marchés internationaux.
Ainsi le coût de la main-d’œuvre dérisoire des pays en voie de développement a amené les grands groupes agroalimentaires et la grande distribution à acheter des produits plantés en Uruguay, conditionnés en Bulgarie, revendus en France, pour un prix moindre que des produits français.
A- Problématique de l’intensif
Désarmé, impuissant, l’agriculteur français n’a pas su faire la transition de cette modification si soudaine et moderne de la consommation.
La grande distribution impose des prix d’achat qu’ils ne peuvent plus soutenir. Une majorité des agriculteurs ne vivent que des aides ou sont en déficits.
On ne peut nier ce phénomène fréquemment évoqué dans les médias.
On constate également que cette chute des prix d’achat n’a aucune incidence positive sur le prix final du produit dans le panier du consommateur.
En effet c’est même l’effet inverse, les prix augmentent malgré la baisse du prix de production.
L’agriculteur français ne peut rentrer dans ses frais et devient logiquement déficitaire et doit s’endetter (crise de la viande porcine).
La seule solution a consisté à imposer des rythmes de production toujours plus intense, au détriment de la qualité, de l’hygiène, du respect de la vie animale et d’une dénaturalisation la plus totale de l’environnement et du métier d’agriculteur.
Avec un mépris total du consommateur ou l’agriculture n’a plus rien à voir avec la nature. Un modèle industriel artificiel a vu le jour où les animaux ne voient jamais le jour, nourris par leurs propres cadavres reformés.
Des poulets nourris aux hormones entassés dans des cages, piétinant leurs congénères au milieu de déjections dans des hangars sans lumière naturelle, voici le résultat du cynisme poussé à son paroxysme. Voici ce qu’est devenue l’agriculture et l’élevage moderne.
Le résultat de ce modèle agricole a amené à ce qu’on a connu ces dernières années : de grandes crises sanitaires, des scandales médiatiques, et des menaces de pandémie mondiale.
La grippe porcine, H5N1, le poulet aux hormones, la dioxine, les taux de pesticides augmentés et autorisés par la communauté européenne ont amené le consommateur à ne plus avoir confiance dans ce qui arrive dans notre assiette. Tout un système est mené à mal, toute une profession dont on n’a plus confiance et qu’on juge de manière péjorative.
Aussi, même si l’intensif a été une nécessité pour le développement économique agricole en France, nous pouvons légitimement observer ses limites.
Actuellement, il devient évident qu’à ses méthodes agroalimentaires doivent s’imposer de nouvelles alternatives en méthodes de production agricole et animale.
Un autre avenir est possible et envisageable pour l’agriculture.
L’ouverture du marché des pays émergents, l’augmentation du pétrole et des matières premières, et les délocalisations dans la chaîne de conception de produits finis démontrent les faiblesses d’un système qui s’essouffle. Et c’est en quelque sorte par cette crise que s’ouvre à nous d’autres possibilités viables d’agriculture à l’économie directe.
B- Problématique de l’extensif.
En opposition à ce système des solutions existent et ont toujours existées : l’élevage extensif. (Pâturage extensif, ou ranching pour les anglo saxons). C’est une méthode d’élevage de bovins ou d’autres animaux impliquant une faible densité d’animaux (peu de bêtes à l’hectare).
Il présente un grand intérêt pour la biodiversité, car les herbivores, ne surexploitent pas le milieu, ne contribuent pas à l’atrophier et entretiennent des milieux ouverts, tout en jouant un rôle de « corridors biologiques ambulants » (en transportant de nombreuses propagules (graines, spores, larves, etc.) sous leurs sabots, dans leurs poils, dans leur tube digestif…).
Mais les réalités économiques, foncières et l’ultra urbanisation de notre région amenant à un morcellement des terres complique les exploitations de type extensif. De plus le surpâturage irréfléchi de certains éleveurs a amené à détruire des biotypes locaux.
Délaissés et peu rentables à l’époque par rapport aux exportations intensives, c’est tout un cadre naturel régional qui a été délaissé. (Augmentation des risques incendies)
La forte densité de bétonisation, les clôtures sauvages et la pression démographique du Var-Est ont mis à mal les derniers agriculteurs et éleveurs de ce type. À vrai dire ceux qui restent sont en sursis…
Il devient donc intéressant de se pencher sur des villages plus excentrés, mais toujours à proximité des zones d’urbanisation dense.
L’expansion démographique nous prédit que Fayence, Callian, Montauroux, Tourettes, Grasse et Draguignan ne seront plus qu’un seul et même tissu urbain dans les années à venir.
Mais Bagnols-en-forêt de par sa situation géographique excentrée et au milieu de Saint-Raphaël / Fréjus et du Canton de Fayence, restera encore une valeur sûre dans l’exploitation agricole extensive dans les années à venir.
Mais il ne faut pas s’arrêter là, c’est tout un modèle qu’il faut faire évoluer pour y trouver une rentabilité. La suppression des intermédiaires, une gestion plus efficace avec des outils modernes pourront nous faire renouer avec l’agriculture traditionnelle dans la modernité.
C- Une difficulté humaine en rapport avec la modernisation de la société